Héléna Marienské : Le Degré suprême de la tendresse (éditions Héloïse d'ormesson)
Déjà le titre, emprunté à Dali qui définissait par ces 6 mots le cannibalisme, est savoureux. En couverture, la bouche carmin croquant goulument une cerise écarlate nous ouvre l'appétit. Et que dire de de l'accroche au dos du roman "Des mises en bouche à la chute mordante", exquisément truculente! L'emballage de ce roman est aussi réussi que son contenu.
Héléna Marienské livre 8 pastiches en 200 pages, un exercice de style difficile exécuté avec brio et malice. Le point de départ de ce livre inclassable: l'histoire entendue un jour par l'auteur au comptoir d'un bistrot, d'un homme ayant un peu trop vite baisser son boxer Dim ou Calvin Klein devant le doux visage d'une jeune femme qui ne comptait guère se faire gaver comme une oie docile... et qui mordit à pleines dents dans l'appendice encombrant!
A partir de cette anecdote singulière, de cette fellation tournant, en quelque sorte, à la décapitation, Héléna Marienské trempe sa plume dans les encriers de Houellebecq, Céline, La Fontaine ou encore Ravalec. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle parvient à restituer les univers et les styles de ces différents auteurs avec une justesse déconcertante. Le texte à la manière d'Angot, par exemple, agace autant que les romans nombrilistes cette chère Christine, mais avec une touche d'humour en plus, évidemment! Et la prose en vieux françois à la façon de Gédéon Tallemant des Réaux se lit avec une infinie admiration.
Le lecteur reste bouche bée (sans mauvais jeu de mots) devant une telle connaissance de la littérature française (Héléna est agrégée de lettres) mise astucieusement au service d'un sujet grivois et léger. Des pastiches aussi variés que divertissants, à consommer sans modération.