Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Une vipère à Paris
Une vipère à Paris
Archives
17 janvier 2008

Cinéma : « Elle s’appelle Sabine », de Sandrine Bonnaire

sabineSandrine Bonnaire a réalisé un documentaire très émouvant sur sa sœur Sabine, née un an après elle. Sabine a été diagnostiquée autiste il y a quelques années. Mais durant toute son enfance et son adolescence, aucun médecin n’a pu donné de nom à son comportement énigmatique, pour ne pas dire anormal. Ses camarades la surnommaient «la folle» dans la cour de récréation, c’est tout…
Folle, Sabine ne l’était pas. C’était une adolescente intelligente, joyeuse, très proche de sa famille, qui pouvait jouer au piano des heures entières. Une adolescente instable et repliée sur elle-même certes, dont le regard dérivait parfois vers un «ailleurs» obscur, mais qui était capable malgré tout de faire de la mobylette ou de se promener seule dans les rues de Paris comme toutes les jeunes filles de son âge.
Le départ successif de chacune de ses sœurs et la mort accidentelle de l’un de ses frères vont submerger Sabine d’une émotion aussi violente qu’incontrôlable. Sabine ne réussit à exprimer sa souffrance qu’en se mutilant et en frappant sa mère.
Comme aucune structure n’accepte de prendre en charge cette jeune adulte dont on ignore précisément la maladie, Sandrine Bonnaire et ses sœurs décident de la recueillir chez elles, à tour de rôle. Mais les cohabitations tournent court: le comportement imprévisible de Sabine rend toute vie de famille impossible. L’actrice loue alors pour sa sœur un appartement juste en face de chez elle. Malheureusement, au bout de quelques mois, le personne médical encadrant Sabine à domicile renonce à s’occuper d’elle. La jeune femme finit par échouer dans un hôpital psychiatrique. Elle y restera 5 ans.

Le film de Sandrine Bonnaire présente sa sœur après ces 5 années
vécues comme un cauchemar par toute sa famille. À présent, Sabine vit dans une petite structure créée par un médecin et soutenue par Sandrine Bonnaire. Mais Sabine n’est plus la même. Ses traits fins se sont irréversiblement défaits, son regard a perdu toute vivacité. Elle s’exprime difficilement, elle bave, et ses talents de pianiste ne sont plus qu’un lointain souvenir. Cette terrible réalité est d’autant plus dure à supporter que Sandrine Bonnaire nourrit son reportage d’images d’archives où Sabine sourit, rit, séduit, court sur la plage ou danse sur le gazon familial. Mais que s’est-il donc passé pour que l’on ne parvienne plus à reconnaître derrière la grosse femme hébétée et éteinte d’aujourd’hui la jeune fille vive aux longs cheveux bruns d’hier? Cette transformation radicale et insupportable est-elle liée aux 5 années d’internement, aux multiples médicament prescrits ou tout simplement à l’évolution de la maladie?
Le film de Sandrine Bonnaire pose toutes ces questions, avec une infinie délicatesse mais aussi un lancinant sentiment de colère. Pourquoi existe-t-il si peu de structures accueillant les autistes comme Sabine? Comment prendre en charge ces personnes pour leur assurer une vie «normale» et soulager leur famille, impuissante face à leur maladie?
À partir d’un sujet difficile voire larmoyant, Sandrine Bonnaire a réalisé un film sobre et bouleversant. Le témoignage tout en pudeur d’une grande sœur aux gestes et aux paroles chargés d’amour, à défaut d’espoir.

En salles le 30 janvier 2008.

Publicité
Commentaires
L
Plus d'une semaine sans le moindre commentaire ! On m'a coupé la ligne ou quoi?!<br /> <br /> tut tut tut tut tut tut tut tut tut tut tut
Une vipère à Paris
Publicité
Derniers commentaires
Publicité