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Une vipère à Paris
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19 décembre 2007

Alabama Song, de Gilles Leroy, éditions Mercure (Prix Goncourt 2007)

alabamPour une fois qu’un Goncourt nous ravit, ne boudons pas notre plaisir! Alabam Song est à coup sûr le roman de l’hiver, ne vous contentez pas de l’offrir à votre grand-mère.

Que dire… Comment trouver des mots suffisamment forts et explicites pour retranscrire le plaisir quasi magique suscité par la lecture de ce roman. Un roman complètement fou, à plus d’un titre. Primo parce qu’il repose sur une narration éclatée, faisant fi de toute chronologie et composant une biographie imaginaire de Zelda Fitzgerald sans négliger pour autant la vérité historique. Secundo parce que l’héroïne principale est elle-même sans cesse en équilibre sur le fil fragile de la raison, trébuchant régulièrement dans des maisons de repos et des cabinets de psychiatres.
C’est sa voix, attachante, parfois fracasssante mais toujours émouvante, que l’on entend sur plus de 200 pages. Gilles Leroy dresse le portrait d’une femme libre n’écoutant que son cœur pour tomber dans les bras des hommes, n’obéissant qu’à ses envies pour s’amuser et danser, danser encore, sans jamais se soucier des regards moqueurs ou scandalisés. Le caractère bien trempé et rebelle de cette fille du «grand juge» lui permet toutes les audaces, tous les excès. Et lorsqu’elle rencontre Francis Scott F. forcément les mots s’emballent pour décrire un coup de foudre digne du septième art. Avec Zelda, le tiède n’existe pas.
Malheureusement, les promesses d’un mariage palpitant d’amour se brisent peu à peu. Les flammes de la passion vacillent et laissent la place à d’autres feux destructeurs et douloureux. Reste la volupteuse sensibilité de Zelda dont l’âme d’artiste est mis à mal par un mari alcoolique qui ne cesse de la dévaloriser et de la rendre prisonnière de son propre talent.
Malgré le temps qui passe, son corps et sa mémoire qui lui jouent de mauvais tours, la fiction et la réalité qui se confondent, Zelda garde la fraîcheur d’une jeune fille sachant que les contes de fées réservent toujours de sordides coulisses. Un vent de nostalgie souffle sur ses phrases, sa vie parisienne agitée, ses amours solaires avec un aviateur français dont le souvenir incandescent la ravage.
Tous ces épisodes se juxtaposent, se chevauchent, se surperposent, se répondent. Un peu comme un puzzle qu’il ne faudrait surtout pas reconstituer de peur que chaque pièce perde de son éclat. Surtout ne pas lisser la réalité.
Pour finir, ajoutons que le récit de Zelda est porté par une écriture mélodieuse et entêtante. Tel un long poème chahuté, il laisse en mémoire de délicieux échos.

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