Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Une vipère à Paris
Une vipère à Paris
Archives
20 novembre 2007

Arlington Park, de Rachel Cusk

arlingtonAprès La Physique des Catastrophes de Marisha Pessl, la deuxième déception littéraire de l’automne se nomme Arlington Park, de Rachel Cusk. Pourtant, on se réjouissait sincèrement de plonger dans un roman publié par les vénérables éditions de l’Olivier, un roman dont les héroïnes sont sans cesse comparées aux Deseperate housewifes par les critiques littéraires.
Il est indéniable que Juliet, Amanda et leurs copines ne sont pas très éloignées de Bree, Lynette ou Susan. Dans leur banlieue anglaise chic et snob, elles trompent l’ennui du mieux possible. Les pauvres n'ont même pas un beau jardinier latino à se mettre sous la dent, et en plus il pleut tout le temps… L’impression tenace de ne pas mener la vie dont elles rêvent colle fermement aux semelles de leurs bottes fourrées, comme un vieux chewing-gum à la menthe poivrée.
Au fur et à mesure de leurs journées sans surprises car rythmées comme du papier à musique, chacune semble étouffer dans sa cage dorée. Tout est prétexte à l’introspection et au coup de blues systématique qui en résulte. Un coup de shopping entre copines au centre commercial, un coup de fil de sa mère, un coup d’œil dans le miroir : chaque geste de la vie domestique attise les frustrations de ces jeunes femmes qui ne peuvent guère compter sur leur mari pour chasser leur sentiment pesant d’inutilité. Au contraire, dans la prose de Rachel Cusk, les hommes ont tendance à enfoncer le clou avec une énergie toute naturelle. Même les enfants de nos tristes héroïnes ne parviennent pas toujours à donner une couleur chatoyante aux journées sous Valium de leur maman.
Le problème, c’est que l’immense lassitude des personnages a tendance à gagner peu à peu le lecteur. Les chapitres sont très inégaux et si certains réussissent parfois à serrer le cœur ou à faire grincer des dents – l’auteur sait porter un regard lucide et caustique sur la situation pathétique de ses protégées –, la plupart ennuient avec des phrases alambiquées qui, par mille chemins de traverse, dressent toutes le même constat d’échec familial, sentimental ou professionnel. De grâce, que les scénaristes de Deseperate indiquent quelques raccourcis à Rachel !

Publicité
Commentaires
Une vipère à Paris
Publicité
Derniers commentaires
Publicité